Le 5 novembre 2013 se tenait à l’UGC Les Halles l’avant-première de ‘‘Only lovers left alive’’, le dernier film de Jim Jarmusch, à qui l’on doit ‘‘Mystery train’’, ‘‘Dead man’’, ‘‘Ghost Dog : la voix du Samouraï’’ ou encore ‘‘Broken Flowers’’.
A cette occasion, le réalisateur est venu nous présenter le film. Il était accompagné de Yorick Le Saux (Directeur de la Photographie) et de Jean Labadie (producteur).
Jim Jarmusch nous a dit que son film était une comédie romantique vampirique. Et que ces vampires étaient complètement barrés car cela semblait logique que des êtres aussi extraordinaires soient totalement à part de notre monde actuel. Ils sont un peu comme des rocks stars, hors du temps.
Il nous indique aussi qu’il était heureux d'être en France pour présenter le film et qu'il avait aimé travailler avec des français sur le tournage.
Les critiques de la Rédaction:
Avis de Coralie Lamotte Saget (9/10) :
Il y a des films où nous n’avons pas droit au repos et où notre cerveau doit fonctionner à plein régime pour saisir tous les enjeux. Au contraire, il y a d’autres films qui exigent à leur public de ne pas penser afin de nous montrer tout et n’importe quoi sous un prétexte de divertissement. Et puis il y a Only Lovers Left Alive. On peut – on doit, même - s’y abandonner, mais le film, lui, ne nous perd jamais et titille toujours agréablement notre esprit en offrant une incroyable expérience physique et sensorielle.
Je me suis laissée porter par la sublime caméra de Jim Jarmusch qui magnifie les corps pâles et longilignes de ces êtres parfaits interprétés par les non moins merveilleux Tom Hiddleston et Tilda Swinton. On croiserait ces beautés immortelles dans un musée de sculpture qu’on ne serait pas surpris, et pourtant jamais de la pierre ne nous aura fait ainsi frémir tant il y a de sensualité en cette romance éternelle si délicatement façonnée. Je me suis laissée bercer par ces lents tournoiements, ces longs fondus enchaînés, ces nombreux ralentis et cette musique envoûtante. Il n’y a pas beaucoup d’action ni de suspense, c’est vrai, mais acceptons d’être fascinés, de trembler et même de rire de choses plus subtiles.
Dans cet univers troublant, les humains sont appelés zombies, créatures perverties enclines à la violence et à la bêtise, au sang devenu impur. Nos vampires, eux, s’aiment irrésistiblement et on laisse heureusement de côté les explications interminables qui pourraient justifier la présence de ces créatures fantastiques. Le cinéaste réécrit la Bible à sa façon : il y a Adam et Ève, un amour passionnel et charnel, et un désir aussi rouge que la pomme interdite, qui s’écoule ici de la cuisse d’une autre femme devant Adam, et suinte du doigt d’un autre homme près d’Ève… Mais rien d’ambigu à part ça ! Jim Jarmusch ne semble pas du tout se prendre au sérieux, mais plutôt s’amuser comme un petit fou. Le plus fort chez un grand monsieur comme lui, c’est que même quand il raconte des histoires de vampires, il ne peut s’empêcher de semer sa virtuosité.
Avis de Nadège Deschamps (9,5/10) :
Avec ‘‘Only lovers left alive’’, Jim Jarmusch revisite le mythe d’Adam et Eve à la sauce vampires et de la plus belle des manières. Dès les premières secondes, le réalisateur nous plonge dans cette ambiance enivrante qu’il gardera tout au long du film.
Une musique envoutante, un décor simple et sombre dans les quartiers mourants de Tanger et Detroit, on suit un petit instant de la vie d’Adam et Eve. Adam (Tom Hiddleston), musicien accompli mais suicidaire, ne supporte plus ce monde dans lequel il vit où les êtres humains ne font que détruire leur monde et sont appelés ‘‘des zombies’’. Tout dans son apparence (habit noir, cheveux noir), sa façon de se mouvoir, son regard, ses paroles nous montre à quel point il est las de cette vie sauf quand il est auprès d’Eve, son amour, la seule qui peut le maintenir ‘‘en vie’’.
Eve (Tilda Swinton), à son opposé, est pâle comme la lune, tout de blanc vêtue, mais à sa façon pleine de vie.
Ces deux êtres sont beaux, plein de grâce et forment un couple sexy au possible.
Tous les deux aiment l’art et les sciences contrairement aux humains qui ne respectent plus rien ni eux-mêmes. Les vampires ne peuvent plus ‘‘consommer’’ au hasard, le sang humain étant devenu dangereux à cause des drogues et autres…
On retrouve à leur coté Mia Wasikowska en petite sœur d’Eve. Celle-ci est un grain de sable dans la vie des deux amoureux.
John Hurt quand à lui interprète Christopher Marlowe, personnage agréable et touchant.
Le réalisateur filme à merveille ces deux êtres fantastiques dans de magnifiques plans, dans de beaux ralentis ou tournoiements, le tout accompagné d’une musique entêtante. La musique est d’ailleurs un personnage à part entière. Présente durant tout le film comme une amie réconfortante ou troublante.
Et ce qui fait aussi le charme de cette histoire est le fait que Jim Jarmusch ne se prend pas au sérieux. Certains passages sont assez drôles.
Laissez-vous donc embarquer dans cette romance fantasmagorique, plongez dans leur histoire, ne réfléchissez pas et laissez la musique grisante faire le reste.
Nadège Deschamps