A l’occasion de la sortie de Pitch Perfect 2, nous avons pu rencontrer Elizabeth Banks lors de son passage à Paris en avril dernier. Radieuse et souriante, elle a répondu à nos questions.
Question : Quel était le challenge pour vous avec cette suite ? Le film me fait penser à un blockbuster hollywoodien: c’est plus gros, il y a plus de personnages, plus de séquences chantées et c’est encore plus fou que le premier.
Réponse : Hum… Le plus gros challenge était de faire une suite qui restait fidèle à la nature et l’ambiance du premier film, mais qui reste également très drôle tout en étant assez différent du premier opus pour que tout le monde puisse retrouver ce qu’ils aimaient du premier tout en profitant d’un petit plus. Il ne fallait pas trop s’éloigner et rester dans la même tonalité.
Q : Qu’est-ce que vous recherchez en tant qu’actrice ou réalisatrice pour vous engager dans un projet ?
R : Je ne veux pas m’ennuyer, je recherche des challenges qui me poussent à m’investir complètement. Pitch Perfect 2 en est un très bon exemple. J’ai vécu comme un moine pendant toute la période de production et tournage du film: je me réveillais, j’étais sur le plateau pendant 12h, puis je rentrais jouer avec mes enfants avant d’aller dormir. Je ne sortais jamais pour manger… en fait je n’ai pas quitté ma maison. Je veux vraiment des challenges et il y a beaucoup de rôles que j’aimerai tenir à l’écran dans un futur proche et je ne verrai pas la suite si je retourne derrière la caméra.
Q : Comment vous êtes-vous senti le premier jour sur le tournage ? Stressée ? Pleine d’excitation ? Heureuse ?
R : J’étais très heureuse et complètement excitée ! Je me sentais vraiment prête. Il y a un dicton qui dit que le tournage n’est que la répétition, qu’on étudie pendant la préparation et que si toutes les recherches et le travail sont faits correctement, le tournage se déroule sans accro. Pour Pitch Perfect 2 c’était le cas puisque que nous avons énormément travaillé avant le début du tournage.
Q : Est-ce que vous avez fait partie de l’écriture du scénario ? De sa première version en tout cas…
R : Bien-sûr. Tout du long d’ailleurs. Le scénario a changé et nous étions toujours en train de réécrire des passages pendant le dernier mois de tournage. C’est un long processus parce que le script évolue tout le temps. En plus de ça, on aime bien écrire pour des acteurs spécifiques qu’on veut caster dans le film. Prenez Snoop Dog par exemple: nous n’avions pas Snoop Dog et nous pensions travailler avec 50 Cent pendant longtemps. Finalement nous avons eu Snoop Dog, donc nous avons dû ajuster le scénario et réécrire des dialogues pour lui, ainsi que les dialogues parlant de lui avant qu’il ne fasse sont apparition. C’est le genre de choses qui changent en cours de route.
Q : Quel effet cela fait-il d’être non seulement dans le film, mis derrière la caméra ?
R : C’est facile, beaucoup plus facile qu’on ne le penserait. Je suis devant la caméra, mais j’ai un moniteur qui me permet de voir tous les plans que nous filmons. J’ai une très grande confiance envers mon directeur de photographie et mes producteurs. Vous ressentez, en tant qu’acteur, lorsque les choses fonctionnent bien ou non. CHARLES HIGGIN et moi sommes amis depuis très longtemps et nous improvisons beaucoup et tout coule de source.
Q : Comment avez-vous choisi les chansons ? Y-a-t-il des critères particuliers ?
R : Chaque sélection de chanson à son processus. Toutes les chansons du film ont un but et servent des scènes et des parties de l’histoire. Il faut qu’elles soient tout aussi mélodieuses en a capella qu’elle ne l’est avec des instruments. Elles doivent coller aux voix des acteurs qui les chantent et doivent également avoir le bon son. Les Bellas ont un son particulier et ce n’est pas le même qu’ont DSM (Das Sound Machine) qui ont des tonalités électroniques et un groupes composé de femmes, mais également d’hommes. Ils peuvent rapper, ils sont plus « rock ». Les filles (Bellas) ne chantent jamais de chansons de groupes de rock, donc chaque chanson est très spécifique. C’est un processus très long… trop long pour pouvoir tout dire !
Q : Das Sound Machine sont très impressionnants. D’où viennent leurs chansons ? Muse ?
R : Il y a du Muse, oui. Il y aussi du Fall Out Boys, ils chantent Tsunami et All I Do Is Win de… je n’arrive pas à me souvenir de l’artiste, un rappeur… Emma Stone l’a chanté chez Jimmy Fallon.
Q : Adoptez-vous l’attitude de Gail quand vous mettez votre casquette de réalisatrice: drôle, toujours souriante et un tantinet bitchie ?
R : Haha, hum, non, je n’utiliserai jamais le terme « bitchie ». Je suis une patronne très calme. Vous pouvez demander à n’importe quel membre de mon équipe, je suis très zen toute la journée, je veux juste accomplir toute les tâches qui sont à faire. J’ai des enfants, donc je veux rentrer les voir, et j’évite tout ce qui peut créer des retards, du drama, et compliquer les choses.
Q : Où avez-vous tournez le championnat du monde à la fin du film ?
R : Nous étions dans un champ en Louisiane… en prétendant être en Hollande. Tourner dans ce champ géant était très stressant parce qu’il avait plu la semaine d’avant et il y avait beaucoup de boue. On ne savait pas comment on allait réussir à installer tout notre équipement, mais ça a séché assez rapidement, mis à part une averse où on a dû tout recouvrir de planches en bois pour pouvoir se déplacer. Il a fallu trois semaines pour construire la scène.
Q : L’illusion qu’il s’agit d’un vrai festival fonctionne vraiment !
R : Oui. On a travaillé avec une compagnie qui s’occupe de festivals comme celui-ci. Ils ont pris en main tout ce qui est éclairage et tout ce qui touche à la scène. C’était aussi authentique qu’il était possible de faire.
Q : Tout comme le premier film, Pitch Perfect 2 garde un thème très proche des films de John Hughes (The Breakfast Club…). C’était important pour vous de garder cette identité ?
R : Je ne suis pas sûre de ce que vous voulez dire, mais la chose plus importante du premier film, pour moi, c’est le travail d’équipe, en particulier dans une période de votre vie qui voit beaucoup de changements, quand vous cherchez à comprendre qui vous êtes. C’est la rencontre de beaucoup de personnalités différentes et de personnes qui vous influencent de manières différentes et comment accomplir ce travail d’équipe. Vous n’avez pas besoin d’avoir des connaissances sur l’accabler pour apprécier cette notion. The Green Bay Packers, le groupe masculin qui chante dans le « riff off », sont une équipe professionnelle de football (américain) aux États-Unis. Ils ont aimé le premier film parce qu’ils se reconnaissent dans ce travail d’équipe. C’est vraiment le sujet du film: Becca ne peut pas faire ça toute seule.
Q : Pitch Perfect est drôle et rafraîchissant, c’est un feel good movie, mais il aborde aussi des questions sur le fait de grandir. C’est un sujet qui est important pour vous ?
R : Oui. Grandir et faire face au monde et comprendre comment garder des amitiés, ce que doit laisser derrière soit… J’aime beaucoup cette notion, surtout en étant une femme à la réalisation: il y a des gens qui étaient là avant moi, et j’espère en inspirer d’autres qui viendront prendre ma place. Je voulais vraiment que les Bellas soient une inspiration pour Emilie, qui est le futur des Bellas, mais qu’elles comprennent aussi qu’elles font partie d’un héritage, qu’il y avait d’autres personnes avant elles: que ce soit Aubrey au camp ou les anciennes Bellas qui reviennent chanter avec elles à la fin du film. Elles font partie d’une tradition, et elles l’honorent. Je trouve ça vraiment important.
Q : L’humour de Pitch Perfect 2 est quelque peu plus « sale » que dans le premier. Il y a aussi un humour un peu raciste et un côté misogyne: des choses auxquelles on ne s’attend dans ce film. Vous n’avez pas peur d’être critiqué ou censuré ?
R : Non. Vous ne pouvez pas vous lancer dans la comédie en ayant peur de ça ou d’offenser les gens. Je pars du principe que si personne n’est offensé, la blague n’est pas si bonne que ça. La plupart du temps, les gens misogynes comme John, mon partenaire dans le film, la blague se retourne toujours contre lui. Il n’arrête pas de dire que les femmes ne peuvent pas réussir, mais nous avons un film sur des femmes qui réussissent. C’est lui l’idiot et nous nous moquons de lui, pas des femmes. Je pense que c’est une différence importante.
Q : Les personnages sont plus élaborés dans Pitch Perfect 2 que dans le premier et contribuent beaucoup à rendre le film très drôle. C’était dans la première version du script ou vous avez développé ce côté plus tard ?
R : Non, le premier film était fait du point de vue de Becca, puis Amy la Baleine est arrivée et c’etait génial. Seulement, vous n’avez pas eu l’occasion d’en savoir plus sur les autres membres du groupe. On avait la relation entre Chloé et Aubrey le sergent. Je trouve qu’Aubrey est un personnage très intéressant dans le premier film, mais c’était surtout une histoire des garçons contre les filles. J’ai pensé qu’il y avait une opportunité d’élargir un petit peu ce monde. Les personnages ont grandi et vont voir le monde, elles rencontrent des adultes. Je voulais vraiment ajouter des adultes, des vrais adultes. Das Sound Machine sont des adultes, ce ne sont plus des enfants. Cette notion de devoir se préparer pour ce qui les attend et ce qu’être adulte veut dire.
Traduction de l’interview par Julia Margot
A venir, notre critique du film et la vidéo de l'interview de Rebel Wilson...
Nadège Deschamps