Nos avis sur les films

Nicolas Leprêtre
Lundi 4 décembre 2023 - 16:06
17 ème édition de Kinotayo

Retrouvez nos avis sur les films projetés

Dossier : Festivals

Perfect Days (film d'ouverture)

perfect days


L'histoire :

Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

Notre avis :

Wim Wenders aime le Japon, le comprend et ca se ressent à travers ce drame partant d’une histoire originale autour d’un homme s’occupant de toilettes publiques assez remarquables à Tokyo. 

Un film tout en sensibilité et subtilité et le portrait de cet homme au passé secret et qui se complait des petites choses de la vie : Jouer au morpion avec des inconnus en laissant le jeu caché dans les toilettes, les rencontres avec les usagers. Jusqu’au jour où sa vie, sa famille le rattrape et fait ressurgir tout un pan de son existence qu’il pensait oublié. 

Il y a le jeu des images, ce film à la limite du documentaire et de la carte postale de Tokyo dans des lieux atypiques, le jeu des sons aussi avec les cassettes qu’écoute cet homme en partant au travail. 

Perfect Days est un film sur les choses simples de la vie, les rencontres et une vraie recherche du bonheur. 

No Place To Go


L'histoire :

Michiko, une célibataire de la quarantaine, a du mal à joindre les deux bouts. Serveuse intérimaire dans un izakaya, elle se retrouve à la rue, après avoir perdu son emploi et son logement à cause de l’état d’urgence sanitaire décrété dans le pays en pleine pandémie de COVID-19. Son errance va la conduire dans la marginalité où des solidarités inattendues vont se constituer. Drame politique au scénario rythmé porté par son héroïne digne et solidaire en butte aux injustices, No Place to Go dresse un portrait sans concession d’une société japonaise âpre envers les plus fragiles, décrivant les conséquences de la pandémie sur les classes laborieuses, de la précarisation à l’atomisation du lien social.

Notre avis :

La Pandémie de Covid a laissé des traces et l’histoire de ce drame social se déroule justement au moment du déclenchement de la Maladie et de la fermeture progressive des établissements et l’arrêt de la vie.

Un film pour tous les laisser pour compte au Japon mais aussi dans le Monde qui s’est retrouvé confronté à cette catastrophe bactériologique. 

No Place To Go se concentre sur une femme qui va tout perdre du jour au lendemain et avec son honneur va tenter de s’en sortir au gré de rencontres, de débrouille le tout sans avoir un endroit où aller. 

Un film assez triste dans son ensemble qui laisse entrevoir quelques notes d’espoir et une petite pincée d’humour noir. 

Dans le malheur on trouve / on essaye toujours de se serrer les coudes. Une solidarité entre écorchés de la vie mis de côté et qui vont s’entraider. 

Godzilla Minus One

godzilla minus one


L'histoire :

Le Japon se remet à grand peine de la Seconde Guerre mondiale qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre.

Notre avis :

Godzilla est un monstre increvable et nous surprend encore une fois de plus ! Ce Minus One prend à contre-pied le film de monstre classique et au-delà du simple film catastrophe et de destruction vire au drame social et humain sur fond de seconde guerre mondiale peignant ainsi le Japon de l’époque, les interrogations de ses survivants, les tourments .

Un étonnant parti pris mais qui fonctionne très bien avec toute la sensibilité du cinéma nippon et on en oublierait presque le très réussi Godzilla avec sa bonne bouille. Ses attaques sont peu nombreuses mais la puissance qu’il dégage surtout quand il se met en mode radiocatif ( une des scènes les plus réussies du film) avant de balancer son rayon destructeur est impressionnante. 
Les Effets spéciaux sont superbes pour un film qui a eu un budget limité il faut le souligner. 

Godzilla plaira ainsi à tout le monde : de superbes scènes explosives, des moments plus intimistes, un rythme posé et calme contrebalancé par ses attaques et des silences lourds de sens. 

On va être honnête on ne s’attendait pas à un tel traitement sur un film connoté Godzilla et la surprise est d’autant plus grande et rafraichissante. 

Comment ne pas adopter ce Godzilla 
 

Tsugaru Lacquer Girl

tsugaru


L'histoire :

Miyako, rêve de quitter son emploi de caissière pour reprendre la petite entreprise de laque Tsugaru de son père. Elle l’aide lorsqu’il croule sous le travail, mais celui-ci mise sur son fils pour prendre sa relève, ce que ce dernier refuse. Comment pourra-t-elle accomplir sa vocation face à l’hostilité de son père dans un secteur en crise ? C’est un artisanat séculaire que nous fait découvrir Keiko Tsuruoka en adaptant le roman Japan Dignity de Miyuki Takamori. Elle retrace en détail le processus d’une technique en voie de disparition, consistant à peindre et à polir des objets en bois de manière répétitive jusqu’à atteindre la perfection. Au-delà de la dimension documentaire immersive et des vicissitudes d’une famille dysfonctionnelle, cette jeune réalisatrice engage une réflexion profonde sur la place de la femme et des minorités sexuelles dans un pays où le poids du patriarcat ne favorise pas leur épanouissement.

Notre avis :

Le film qui nous a certainement le plus touché lors de ce festival de Kinotayo 2023. 

Tsugaru Lacquer Girl derrière son envie de nous montrer l’artisanat Japonais est surtout un drame social prenant qui lève le voile sur des vérités, des choses qui dérangent la société japonaise avec notamment l’amour homosexuel et des traditions bien ancrées. 
Il y a donc déjà cette thématique forte mais aussi celle de la transmission du savoir entre un Père et sa fille qui n’était pas destinée à reprendre un travail occupé majoritairement par les hommes .

Oui vous verrez le superbe travail de laquage sur un piano créé d’ailleurs pour l’occasion, des temps de silences, des temps de recueillement, une grande sensibilité propre au cinéma japonais mais une fois de plus ce sont les autres thématiques qui jaillissent du récit et nous interpellent

Un film très fort et bien plus complexe qu’il n’aurait pu le laisser croire. 
 

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