Entrevues Jury

La dixième édition du festival du Cinéma et de la Musique de Film a commencé ce mercredi 26 juin avec comme membres du jury Ludovic Bourse, compositeur, Leslie Mediana, actrice et chanteuse, Audrey Dana, actrice, réalisatrice et auteure, Samuel Le Bihan, acteur et producteur et à la présidence, Frank Dubosc.
Entrevue avec Leslie Medina où l’on a discuté cinéma et musique, en passant par son ressenti d’être juré pour la première fois.

Copyright Coadic Guirec / Bestimage
Quels rapports entretiens-tu avec les métiers de comédienne et chanteuse ?
Je le vois comme un tout. J’ai toujours fait de la musique, j’ai toujours joué. Faire de la musique et jouer, c'est dans les deux cas, une quête de vérité, d’authenticité. C'est presque un voyage initiatique. Chaque rôle me permet d’explorer des facettes de ma propre personnalité. Les rôles que je défends viennent me donner des coups de pouce pour m’affirmer ou gommer certaines choses, pour me positionner vis-à-vis de la vie et des autres. Je trouve de la force, de la rédemption, dans mes rôles.
De l’autre côté, la musique, c'est de la digestion, c’est un dialogue avec le subconscient, des histoires qui me viennent plus naturellement, des mots qui résonnent.
Ce sont deux outils très puissants pour m’exprimer, pour trouver la personne que j’ai envie d’être.
Ils se nourrissent l’un l’autre.
En tant que comédienne, je me demandais, comment trouve-t-on la légitimité d’être jury ? Comment vous approchez les films que vous visionnez ?
Je ne me sens pas légitime de juger le travail de qui que ce soit. Je peux avoir un avis, une sensibilité plus ou moins poussée pour un film ou une histoire car je suis une spectatrice, comme nous tous. Je ne vais que donner mon avis avec ma sensibilité tout en essayant de rester dans l’ADN du festival qui est l’alliance de la musique et de l’image.
J’imagine que la musique et le cinéma vous permet de vous exprimer différemment ? Qu’est ce qu’un medium vous permet d’exprimer et pas l’autre ?
Il y a quelque chose de très différent. J’ai l’impression que quand je joue, je fais tout pour être la plus vulnérable possible, en réception totale dans l’environnement dans lequel je me trouve, dans lequel la scène a lieu et ce que le partenaire me donne pour pouvoir réagir honnêtement à ça.
En tant que chanteuse, la démarche est différente car je ne peux pas être trop vulnérable. J’essaie d’être le moins dans le contrôle possible mais je tiens quand même les rênes de ce que je raconte et je contrôle le narratif. Là où en tant qu’actrice je suis tributaire du scénario, de ce qu’on attend de moi, en tant que chanteuse il y a davantage cette idée de quelles histoires j’ai envie de raconter et où je veux que ça résonne chez l’autre, même si je n’ai pas vraiment le contrôle de ça mais en tout cas j’ai le contrôle de comment je le fais.
Oui car en fait c’est toi qui écrit tes chansons et tes textes donc tu incarnes tes pensées et non pas celles d’un autre comme au cinéma.
Exactement ! J’ai l’impression que les chansons sont des espèces de petites valises qui peuvent s’ouvrir dès qu’on fait “play”. C'est pour ça que je trouve qu’on a une grande responsabilité en tant qu’auteur compositeur car nos chansons peuvent être la valise de quelqu’un. Et pareil pour les films quelque part. Il y a une responsabilité dans le choix des mots et dans les résonances de ce que l’on dit.
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Audrey Dana m’a accordé quelques minutes où nous avons pu parler cinéma, musique et son rapport à la Nature.

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Quel est ton rapport à la musique ? Qu’est-ce que le cinéma te permet d’exprimer versus la musique ?
Je trouve que la musique est la meilleure manière de communiquer avec les gens, c'est la communication universelle. Elle nous connecte à ce qu’il y a de plus sacré : échanger sans mots. Je cherche cette universalité que la musique peut apporter à travers l’écriture, le jeu, la mise en scène.
Comment utilises tu la musique dans ton processus créatif ?
Je l’utilise moins que certains. Je viens de finir de tourner Zoro avec Jean Dujardin qui lui, avait toute une playlist qui l’accompagnait. Je lui ai demandé de me l’envoyer et en allant sur le tournage je l’écoutais, on la mettait sur le plateau. Mais c'est lui qui a fait le travail, créé la playlist.
Le film que j’ai fait en tant que réalisatrice et qui était le plus abouti, c’est celui où j’ai écrit le texte en même temps que Imani, la chanteuse, était en train de composer la musique. On a écrit en parallèle. J’ai fait mon film et la musique était déjà composée. Pour moi, c’était un grand cadeau et je me suis dit que c’était comme ça que je voulais travailler, ça m’a énormément apporté d’avoir la musique qui se créait en même temps, plutôt qu’après. Sans oublier l’importance du double regard: celui de la musicienne et de la scénariste. Je savais que telle scène allait être portée par tel morceau.
Tu es très connectée à la Nature. Je me demandais quelle voix tu voulais donner à travers le cinéma et l’art ?
Moi, ce sont les arbres que j’adore. J’aime le vivant. Je veux faire planter des milliards d’arbres et tout est au service de ça : mon travail d’actrice, les projets que je développe en tant que metteur en scène et auteure… Par exemple, avec le projet Mon Amour de Chien, on va parler d’une loi terrible en Espagne qui accepte la maltraitance animale, mais sous couvert d’une comédie sympathique et d’un road trip d’une fille qui va chercher un chien en Espagne. J’essaie à travers les récits de travailler sur notre lien au vivant. Par exemple, il n’y aura pas d’enrichissement possible avec ma boite de production IEESS, tous les excédents partent pour la Terre. Le but, c’est de créer un impact et de ne plus être dans une dynamique d’enrichissement non-stop mais de se poser la question de la redistribution de l’argent.